J’arrête la voiture en face de la petite maison que m’indique le GPS. Je reconnais l’endroit, elle fait partie des maisons qui longent le bord de mer. Je sors le chat et j'emprunte le chemin indiqué, passe sous un petit pont et me retrouve de l'autre côté, finalement, je me dirige vers la porte d’entrée.

J’ai à peine monté les marches qu’une fille ouvre la porte, plutôt jeune, on dirait, ses cheveux mauves son long et raide, elle est souriante et plutôt jolie, c’est comme si je la connaissais déjà. Elle porte une écharpe, malgré le beau temps.

- Oh Nougat !

Elle est enrouée, voilà la raison de l’écharpe, et impoli aussi, mais je lui pardonne, elle vient de retrouver son chat. Elle le récupère d’entre mes mains pour le câliner plus que de raison.

- Bonjour !

- Désolée, bonjour !

- Je suis content que Nougat ait retrouvé sa maison, j’ai bien failli l’adopter !

- Ça fait des semaines qu’il ne rentre plus… j’étais désespérée.

- Eh bien, ça fait des semaines qu’il ne traîne pas loin de mon jardin !

J’ai comme l’impression de l’avoir déjà vu quelque part, ce sentiment de la connaître et de rester avec elle se fait sentir au plus profond de moi, je la regarde avec insistance, c’est dérangeant comme situation. 

- Pourquoi vous me regardez comme ça ?

- Pour rien, je… rien.

- Ah, oui, c’est vrai, j’avais mis récompense à la clef…

- Ah non, non, je ne veux rien, vraiment, je suis juste ravi que Nougat ait retrouvé sa famille.

Elle se retourne, je pense qu’elle va entrer, mais c’est juste pour faire entrer le chat dans la maison. Elle reporte son attention sur moi.

- Merci…

- Seth ! 

- Nyx !

Je lui souris, elle en fait de même, Nyx, plutôt étrange comme prénom, quel parent voudrait appeler sa fille Nyx ? Je lui sers la main, au contact de nos peaux une décharge d’électricité nous surprend. Elle me regarde de travers puis termine notre entrevue.

- Bonne journée.

- De même.

Elle rentre et je pars en direction de ma voiture. Cette fille étrange me fascine, cette sensation bizarre se propage au fond de moi, je voudrais y retourner, lui demander de me raconter les moindre détails de sa vie, je voudrais être là pour elle dans toutes les circonstances. Je secoue la tête, ça ne va pas bien aujourd’hui ma parole. Toujours garé devant chez elle, un homme, qui respire d’ici, la malveillance absolue, monte les marches, je démarre et commence à partir, dans mon rétro, je le vois entrer chez elle et un sentiment d’insécurité me parcours. Je décide d’arrêter de penser et j’écrase la pédale de l’accélérateur.

Quand j’arrive chez moi, Steven m’attend. Je me gare à ma place et sors de la voiture. Je me dirige vers mon collègue et ami.

- Steven ! 

- Je suis venu voir si tu avais toute ta tête mon vieux !

- Et comme tu vois, ça va !

J’ouvre la maison, Aïko sort après avoir fait la fête à Steven, et lui me suis dans la cuisine.

- T’es vraiment perché comme mec, j’te jure, tu m’as foutu la frousse ce matin !

- Désolé, ok ! J’ai merdé, mais je t’assure que je vais me reprendre.

- J’espère bien ! Cette fille te fait vraiment tourner la tête…

- Je sais.

Je lui offre une bière et après avoir discuté banalité, il finit par quitter ma demeure. J’attrape mon portable, je regarde le journal d’appel, et je ne sais pas ce qui m’y pousse, mais j’enregistre le numéro de Nyx, cette fille attrayante. Je range mon portable. Je mange un truc en vitesse, j’ai besoin de me faire pardonner encore.

Je suis devant chez elle, j’ai stationné la voiture, je n’ai plus qu’à sortir et aller m’excuser. Et pourtant, je reste assis là. J’en fais trop, l’amour couplé au désespoir me rend vraiment con. Je m’apprête à repartir quand un texto arrive. Je ris automatiquement en lisant le message « Tu comptes descendre de ta voiture ou tu vas rester devant chez moi comme un stalker ? » , maintenant qu’elle m’a grillé, la décision est prise. Je sors de l’Audi et elle m’attend déjà la porte ouverte, elle me laisse entrer.

- Salut !

- Salut !

Elle est tellement belle, je passe une main sur sa joue, j’attrape sa nuque, sa respiration s’arrête un instant, je me penche pour embrasser sa pommette et elle se remet à respirer. On dirait deux ados qui se courtisent, putain, j’ai passé l’âge de faire ça, il serait pourtant si simple si elle rentrait à la maison avec moi… 

Je la lâche et regarde l’intérieur de chez elle, c’est rapide, il n’y a qu’une pièce, c’est petit, mais c’est mignon.

- C’est…mignon chez toi !

- Oui, c’est petit, mais c’est tout ce que je peux avoir avec mon salaire.

- Je n’ai pas dit ça, Holly, j’ai dit que c’était mignon !

- Mignon, synonyme de petit quoi…

- Si tu veux de l’espace, rentre à la maison alors !

Qui ne tente rien, n’a rien ! Elle lève les yeux au ciel, elle est exaspérée et irritée. Comment on a fait ces six derniers mois sans ne pratiquement pas se parler ? C’est depuis cette soirée déguisée que tout est parti en couille… j’aurais jamais dû la laisser partir il y a six mois.

- Seth, il faut que tu le comprennes, je ne peux pas retourner avec toi, vis ta vie, avance, trouve une fille qui te donnera ce que tu attends.

Elle a les larmes aux yeux, elle ne croit même pas ce qu’elle dit, c’est affligeant. Je pourrais lui mettre une fessée pour oser me mentir effrontément.

- À mon âge, le temps de retrouver quelqu’un avec qui ça colle, le temps de décider de vouloir fonder une famille, je serais un grand-père Holly…

Elle rigole, mais c’est vrai, si je dois attendre encore six longues années avant qu’une femme ne veuille bien ça, la quarantaine pointera le bout de son nez et quand j’irais chercher mon gamin à l’école, je passerais pour son grand-père ! Hors de question !

- Et puis clairement, je t’ai dans la peau, il n’est pas question pour moi de t’oublier et de passer à autre chose, c’est avec toi que je veux avancer.

Elle rougit, je sais que ce que je viens de dire lui fait plaisir, et je ne mens pas, c’est pour ça qu’elle apprécie encore plus mes paroles, je lui souris, elle soupire et s’approche de moi, un brin de folie dans les yeux. Je suis surpris quand ses lèvres touchent les miennes, elle m’incite à l’embrasser plus profondément, sa bouche me manque tellement, je réponds à ses assauts, elle commence à gémir et saisit la ceinture de mon jean. Je sais ce qu’elle veut, et vu l’érection qui se profile sous mon pantalon, je veux la même chose, mais non. 

- Hep pep pep !

Elle s’arrête de m’embrasser et me regarde, ses pupilles sont dilatées, elle est aussi excitée que moi alors que l’on a seulement échangé un baiser. 

- À partir de maintenant, si tu veux ça, il faudra revenir à la maison ! 

Je dis ça, en faisant de grands gestes pour lui montrer mon corps, je ne suis pas sûr de ce que j’avance, mais, c’est la meilleure chose à faire, on ne va pas éternellement se voir pour un moment de baise et puis après plus rien jusqu’à la prochaine. Non, je veux qu’elle revienne vivre avec moi, je ne veux pas faire d’elle un plan cul régulier.

- Tu veux vraiment jouer là-dessus, Seth ?

- Je ne joue pas, justement, je ne veux plus juste te baiser pour que tu me files entre les doigts chaque fois… La prochaine fois je veux que tu sois de nouveau à moi.

Ses grands yeux gris me regardent étonnés, mais elle sait aussi bien que moi que j’ai raison, on ne peut plus s’amuser comme ça, ça nous fait souffrir autant l’un que l’autre et elle en a conscience.

- Alors, tu veux rentrer à la maison avec moi !?

- Va-t’en Seth, tu sais que je ne peux pas.

- Oublie cette histoire d’enfants, tu veux bien, tu es encore braqué là-dessus, c’est pour ça que tu ne fais que me repousser.

- Parce que c’est ce que tu veux vraiment, et je t’aime assez pour faire le choix de te laisser avoir ce que tu veux avec une autre femme que moi…

- Non, mais tu t’entends Holly, c’est n’importe quoi, si tu m’aimais assez, tu me laisserais faire mes propres choix, ce n’est pas à toi de décider pour moi, ce n’est pas à toi de choisir l’avenir que je veux.

- ÇA SUFFIT ! PARS !

Elle s’est mise à hurler contre moi, je n’ai pas compris sa soudaine réaction, j’étais venu pour m’excuser et au final je n’ai même pas eu le temps et en plus de ça, je l’ai encore plus braqué. Je lui lance un regard d’incompréhension, elle se dirige vers la porte. Personne ne dit un mot et j’exécute son ordre, je pars.